Le ventre du monde
- Ananda SIB

- 17 juil.
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Dans le silence feutré d’une pièce baignée de tendresse, deux ventres se parlent. L’un est couvert de poils doux, l’autre garde le souvenir d’une vie passée. Letizia, chatte au regard sage, porte en elle le mystère de la création. Et moi, humaine, je me penche sur son ventre arrondi, comme jadis on se penchait sur le mien.
Chaque miaulement est une confidence, chaque frémissement sous sa peau un battement d’espoir. Je caresse son ventre comme on caresse le temps, celui qui passe et revient, celui qui jadis m’a offert une fille, et qui aujourd’hui s’apprête à offrir des chatons.
Il y a dans cette attente une forme d’éternité. Les questions se répètent : Seront-ils en santé? Combien seront-ils? Garçon(s) ou fille(s)? Comme si la maternité, qu’elle soit humaine ou animale, portait toujours les mêmes incertitudes, les mêmes élans d’amour.
Letizia me regarde, confiante. Elle sait que je suis là, comme une gardienne de son calme. Elle se blottit contre moi, et dans ce geste, je retrouve l’instinct universel de la vie qui cherche refuge.
Je me souviens de mes propres nuits d’attente, de ce ventre qui gargouillait, de cette impatience douce-amère. Aujourd’hui, c’est elle qui vit cela, et moi, je l’accompagne, comme on accompagne une sœur dans le sacré.
La maternité n’a pas de langue, elle parle en frissons, en silences, en regards. Elle unit les espèces dans une même danse, celle du corps qui s’ouvre pour donner, celle du cœur qui s’élargit pour accueillir.
Et bientôt, il y aura des petits cris, des museaux humides, des yeux clos sur le monde. Et dans ce miracle, je verrai aussi un peu de moi, car chaque naissance est un rappel : nous sommes tous, un jour, sortis d’un ventre aimant.


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